
Depuis les salons feutrés du Grand Casino Brussels Viage jusqu’aux tables historiques de Spa, le petit monde des casinos belges se convertit discrètement aux jetons « intelligents ». Ces pièces, identiques en apparence aux jetons traditionnels, abritent une puce RFID qui émet un identifiant unique dès qu’elle passe au-dessus d’une antenne.
Les neuf casinos terrestres que compte aujourd’hui le royaume — de Blankenberge à Dinant en passant par Namur —, disposent ainsi d’un inventaire instantané de leurs jetons et d’un suivi précis de chaque mise. Précurseur, le Grand Casino Brussels Viage s’était associé dès 2010 au fournisseur GPI pour équiper ses tables de puces basse fréquence, ouvrant la voie à un déploiement progressif dans tout le secteur.
Finis les faussaires : la RFID, arme anti-triche massive !
Si la RFID séduit les opérateurs, c’est d’abord pour sa capacité à décourager la contrefaçon : chaque puce étant liée à une base de données interne, la reproduction illégale devient quasi impossible. S’y ajoute un atout réglementaire majeur. La Commission des Jeux de Hasard (CJH) soulignait déjà, dans un rapport de 2009, l’intérêt d’une « surveillance électronique des flux d’argent » pour lutter contre le blanchiment.
Depuis, la Belgique a durci son dispositif anti-blanchiment ; les casinos doivent identifier leurs clients et tracer les transactions au centime près. Sur le terrain, la RFID facilite ces exigences : la valeur, l’heure et le lieu de chaque pari sont enregistrés sans ralentir le jeu, offrant au besoin un historique infalsifiable en cas de litige.
Dépenses lourdes, bénéfices lourds : le pari de la technologie
Remplacer l’ensemble des jetons, installer des antennes sous les tables et relier le tout à un logiciel de gestion représente toutefois un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros, que certains petits établissements belges préfèrent étaler sur plusieurs exercices. Les opérateurs redoutent également les interférences radio ou les pannes de lecteur ; un plan de continuité — lecteurs redondants, audit régulier des fréquences —, devient en vérité indispensable pour éviter toute interruption de service.
Mais les bénéfices financiers et opérationnels semblent convaincre la majorité : réduction des pertes, comptage accéléré au guichet, programmes de fidélité crédités en temps réel, les avantages sont bien là. À l’heure où la CJH multiplie les contrôles sur l’origine des fonds et où la concurrence en ligne redouble, les jetons RFID pourraient bien devenir, en Belgique, la norme plutôt que l’exception, transformant les tables de jeu en véritables centres de données invisibles et sécurisées.
En définitive, l’adoption des jetons RFID en Belgique marque une étape majeure pour la modernisation et la sécurisation des casinos. Entre rentabilité accrue, respect réglementaire et confort des joueurs, cette technologie redéfinit les standards du secteur. Malgré les défis techniques et financiers, elle reste néanmoins un investissement stratégique pour l’avenir.
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