
Dopé par l’Euro de football en Allemagne et par les Jeux olympiques de Paris, le secteur français des jeux d’argent a engrangé l’an dernier un produit brut des jeux (PBJ) sans précédent : 14 milliards d’euros, soit 4,70 % de plus par rapport à 2023. Ce palier historique, révélé dans le rapport annuel de l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), place l’Hexagone parmi les marchés européens à la plus forte dynamique post-pandémie.
L’explosion des paris sportifs en ligne en France
Le numérique concentre l’élan : le PBJ des jeux en ligne s’élève à 2,60 milliards d’euros (+ 12 %). Fer de lance, les paris sportifs totalisent à eux seuls 1,80 milliard d’euros, en progression de 19 % et représentant désormais 43 % de la croissance globale du secteur. Le football domine, suivi du tennis, du basket-ball et du rugby, qui cumulent 87,50 % des mises, tandis que des disciplines naguère marginales comme le volley ou le handball bondissent de 31 % sur un an.
Un public plus jeune mais aussi plus féminin
Après deux années d’érosion, le nombre de comptes joueurs actifs est reparti à la hausse : 5,70 millions (+ 11 %). Le marché compte 3,90 millions de joueurs uniques ; chacun détient en moyenne 1,5 compte. Les 18-24 ans pèsent désormais 30 % des parieurs sportifs, et la part des femmes atteint 15 %. L’ANJ y voit la conséquence directe de budgets marketing en nette hausse, de gratifications financières récurrentes et de ventes croisées agressives entre segments.
FDJ toujours hégémonique, PMU en repli
Avec plus de 50 % de parts de marché, FDJ United conserve sa position dominante : son PBJ franchit pour la première fois les 7 milliards d’euros (+ 6 %), tiré à 5,80 milliards d’euros par la loterie. Le PMU subit un recul de 2 % (1,70 milliard d’euros), mais stabilise son résultat net à 837 millions d’euros et regagne des joueurs (3,50 millions, + 6 %). Côté casinos, la fréquentation demeure stable (31 millions d’entrées) et le PBJ progresse modestement à 2,70 milliards euros (+ 1,20 %).
Une fiscalité alourdie et de nouveaux défis réglementaires
Mais l’euphorie pourrait être de courte durée. À compter du 1ᵉʳ juillet 2025, la loi de financement de la Sécurité sociale instaure une taxe de 15 % sur les dépenses publicitaires et promotionnelles des opérateurs de paris sportifs, tandis que les prélèvements sur le PBJ seront relevés dans presque tous les segments. L’ANJ prévient déjà d’un « risque d’intensification des pratiques » si les opérateurs ne réajustent pas leurs stratégies marketing. Parallèlement, l’expérimentation sur les « jeux à objets numériques monétisables » (JONUM), prévue pour septembre 2025 dans le cadre de la loi SREN, ouvrira un front réglementaire inédit entre jeu vidéo, blockchain et jeux de hasard.
En attendant, le marché digère son millésime doré ; 2024 restera comme l’année où l’iGaming français a franchi la barre symbolique des 14 milliards d’euros, mais 2025 s’annonce comme le véritable test de sa résilience face au durcissement fiscal et à la vigilance accrue du régulateur.
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