Le calme pour le moins inhabituel du célèbre Strip de Las Vegas — dont les hôtels-casinos sont fermés depuis la deuxième quinzaine du mois de mars —, dissimule en vérité une ville éreintée et en proie à de nombreux doutes. Quel sera le visage de l’ancienne capitale du vice au sortir de la crise sanitaire engendrée par le Covid-19 ? Force est de constater que le pessimisme est de mise…
Un compromis impossible entre obligations sanitaires et relance de l’activité
L’industrie du tourisme est le véritable pilier de l’économie de Las Vegas. Toutefois, comment relancer dignement l’activité des casinos alors que les impératifs sanitaires et la survie des résidents (les États-Unis sont de loin le pays le plus affecté par le coronavirus dans le monde entier avec 74 577 décès à ce jour) restent la priorité incontestable ? Le syndicat local Culinary Workers Union, porte-parole de quelques 60 000 salariés du secteur de l’hôtellerie et des jeux de casino, a revendiqué que 98 % de ses membres ont perdu leur emploi suite à la propagation du virus.
Mais certains d’entre eux ont également perdu bien pire, à savoir leur propre vie, en raison du Covid-19. Geoconda Arguello-Kline, secrétaire du syndicat Culinary Workers Union, estime donc que la volonté du gouverneur du Nevada est juste. En effet, Steve Sisolak a décidé que le confinement au sein de son État aurait lieu au moins jusqu’au 15 mai ; et il pourrait même être reconduit jusqu’à une date ultérieure. « Je suis consciente qu’en ce moment la vie n’est facile pour personne, mais il est préférable de perdre de l’argent que de mourir du jour au lendemain. Le gouverneur fait ce qu’il peut pour nous protéger », a déclaré Geoconda Arguello-Kline.
Des mesures sanitaires drastiques qui coûtent cher aux casinos
Tandis que la maire de Las Vegas, Carolyn Goodman, se plaint vivement du confinement, une « décision absurde » selon elle, et exige la prompte réouverture des commerces de la ville pour faire face à « une crise économique exceptionnelle », procéder de la sorte ne sera pas chose aisée pour les casinotiers, qui sont contraints d’effectuer des aménagements complexes, et coûteux. Écrans de protection en plexiglas, masques et gants pour les salariés, caméras infrarouges pour contrôler la température des visiteurs, tous craignent que ces mesures ne ruinent davantage leurs finances. « Nous pourrions rester fermés si les frais s’avéraient trop importants. De plus, on ne peut pas gagner d’argent dans un casino ou dans un bar si les gens doivent s’installer à plus d’un mètre de distance les uns des autres », explique Tim Brooks, propriétaire du casino Emerald Island.
Mais en vérité, si la situation est complexe à gérer pour chacun, l’urgence se situe surtout auprès des quelques 350 000 ex-salariés du Nevada ayant fait une demande d’allocation de chômage. Certains d’entre eux n’ont pas la certitude de l’obtenir. Comment songer à l’avenir quand on ne peut plus subvenir à ses besoins ?
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