Le géant suédois du live casino Evolution AB (EVO) a vu son action chuter de 6 % jeudi sur le Nasdaq Stockholm, après que le régulateur philippin des jeux, PAGCOR, a retiré la licence de son partenaire local One Visaya Gaming Corp (OVGC). La pression s’est poursuivie vendredi, amplifiée par une dégradation de la note de J.P. Morgan, une double peine pour le leader mondial du live-dealer gaming.
En juin dernier, Evolution avait scellé un partenariat stratégique avec OVGC, basé à Cebu City, afin de lancer un nouveau studio de croupiers en direct destiné au marché asiatique. L’entreprise décrivait alors cette collaboration comme un “jalon majeur” dans sa stratégie de développement régional. OVGC opérait également le casino en ligne BigWin29, qui proposait des jeux signés Evolution.
Une licence retirée pour manquement aux contrôles KYC
Selon PAGCOR, la licence B2C d’OVGC a été révoquée pour manquements aux obligations de conformité, notamment aux procédures de vérification d’identité (KYC) visant à prévenir la fraude et le blanchiment d’argent. L’opérateur dispose jusqu’au 8 octobre pour fermer BigWin29, mais sa licence B2B reste active — ce qui signifie que le partenariat studio avec Evolution n’est pas directement affecté.
“Les licences B2C et B2B sont totalement indépendantes et le studio continue de fonctionner normalement,” a précisé Adrian Westman, porte-parole d’Evolution, à Bloomberg.
Malgré cette précision, les investisseurs ont sanctionné le titre, entraînant une perte de près de 9,6 milliards SEK (environ 880 millions$) en valeur boursière. Depuis le début de l’année, l’action Evolution recule d’environ 11,3 %, alors que l’indice OMX Stockholm 30 affiche une progression de plus de 9 %.
J.P. Morgan revoit sa position à la baisse
Le lendemain, la banque américaine J.P. Morgan a abaissé sa recommandation sur le titre, passant de Neutre à Sous-pondérer, tout en révisant son objectif de cours de 830 SEK à 675 SEK. Les analystes invoquent un ralentissement de la croissance en Europe, une pression accrue sur les marges, et une incertitude réglementaire croissante en Asie.
Si le consensus global des courtiers reste orienté à l’achat, cette dégradation reflète une inquiétude montante des investisseurs : Evolution peut-elle maintenir une croissance à deux chiffres dans des marchés émergents comme les Philippines ou l’Inde ?
Des antécédents de controverses réglementaires
Ce n’est pas la première fois qu’Evolution se retrouve dans la tourmente. En 2021, des vendeurs à découvert avaient accusé la société d’avoir permis à ses jeux d’être distribués sur des marchés non autorisés, notamment en Iran, au Soudan et en Chine — des accusations qu’elle avait fermement démenties.
En août dernier, le titre Evolution avait déjà reculé après la publication d’un document judiciaire contenant des enregistrements vidéo où des cadres reconnaissaient que certains produits du groupe avaient atteint des juridictions interdites.
En résumé
Entre pression réglementaire en Asie, crainte de ralentissement en Europe et méfiance persistante des marchés financiers, Evolution traverse une zone de turbulence. Malgré sa position dominante dans le secteur du live casino, le groupe suédois devra désormais convaincre qu’il peut rester performant tout en respectant des cadres réglementaires toujours plus stricts.
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