La lumière des néons ne semble plus attirer autant qu’avant… Selon les derniers chiffres de la Las Vegas Convention and Visitors Authority (LVCVA), l’ex-capitale mondiale des jeux d’argent a accueilli 7,80 % de visiteurs en moins en avril 2025 par rapport à l’année précédente, prolongeant une tendance baissière de six mois. Sur l’ensemble du premier trimestre, la fréquentation est même en recul de 6,90 % pour tomber à 9,70 millions de visiteurs. Si cette contraction inquiète autant, c’est parce que l’industrie du jeu dépend à plus de 60 % des dépenses touristiques.
À Las Vegas, les joueurs sont de moins en moins nombreux dans les casinos
Les indicateurs clés virent progressivement au rouge. L’occupation hôtelière moyenne, longtemps au-dessus de 90 %, plafonne désormais à 84,50 % selon le dernier Executive Summary de la LVCVA ; les hôteliers maintiennent toutefois des tarifs journaliers élevés (190 $ en moyenne) pour soutenir le revenu par chambre. En parallèle, la fréquentation des conventions — traditionnel amortisseur des creux touristiques —, cède 1,60 %. Les analystes imputent le reflux à la conjugaison d’une inflation persistante, du coût des billets d’avion et d’un repositionnement des loisirs vers des destinations plus proches et moins onéreuses.
Les casinos répondent par des réductions ciblées : offres de billets de spectacles et facilités de parking tentent de ramener les visiteurs locaux, tandis que certains resorts accélèrent la diversification vers les événements sportifs après le succès du Grand Prix de F1 et de l’arrivée des Raiders. Mais, prévient l’économiste Bill Lerner : « S’il est bien vrai que le calendrier sportif crée des pics ponctuels, ce dernier ne compense pas le déficit structurel actuel, lequel a un impact sur le tourisme des familles, notamment vis-à-vis de la clientèle internationale ».
Atlantic City, Reno et les autres villes américaines suivent la pente
La situation n’épargne pas les autres bastions américains du jeu. À Atlantic City, le régulateur du New Jersey enregistre une baisse de 5,10 % du chiffre d’affaires agrégé des neuf casinos au premier trimestre 2025, avec des pertes encore plus marquées pour Caesars (-15,90 %) et Bally’s (-7,70 %). Les opérateurs pointent à la fois la pression des casinos de New York et la concurrence croissante de l’iGaming, autorisé dans six États.
Sur la côte Ouest, Reno, longtemps considéré comme la « petite sœur » de Vegas, résiste mieux mais voit son taux de fréquentation stagner, la faute à une économie locale qui peine à se diversifier. Cette contraction simultanée souligne la vulnérabilité d’un modèle centré sur le voyage longue distance et les dépenses discrétionnaires. Les économistes du cabinet Spectrum Gaming rappellent que la reprise post-Covid avait reposé sur une demande « impulsive » ; or le pic est passé, laissant apparaître des coûts d’exploitation gonflés et une dette hôtelière indexée sur des taux en hausse.
En bref, le décrochage des casinos de Las Vegas agit comme baromètre d’une tension plus large, les établissements de jeu étant exposés à différents aléas économiques, à la concurrence en ligne et à l’évolution des habitudes de voyage des consommateurs.
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