L’ex-Twitter poursuit sa mue : la plateforme d’Elon Musk X a officialisé vendredi un partenariat inédit avec Polymarket, le plus grand site de paris prédictifs adossé à la blockchain. Objectif annoncé : lancer, d’ici la fin de l’été, un produit intégré qui agrègera les prix en temps réel des marchés Polymarket, les commentaires publiés sur X et les synthèses de l’IA « Grok », développée par la filiale xAI.
Un triptyque données sociales, cotations crypto et analyse IA
Concrètement, chaque fil de discussion consacré à l’élection américaine, à une finale de Ligue des Champions ou à un IPO devrait bientôt afficher un encart chiffré : la probabilité instantanée issue de Polymarket, mise à jour chaque minute, assortie d’un résumé généré par Grok et nourri des posts les plus viraux. Selon la PDG de X, Linda Yaccarino, cette « première intégration d’une suite d’expériences apportera des recommandations éclairées » aux 500 millions d’utilisateurs actifs du réseau. Du côté de Polymarket, le fondateur Shayne Coplan promet « une couche de contexte neutre et quantifié » jusque-là absente des débats en ligne.
X y gagne un service exclusif pour doper la monétisation de sa rubrique Premium ; Polymarket, dont l’accès est bloqué aux États-Unis depuis un accord amiable avec la CFTC en 2022, récupère la visibilité mondiale d’un réseau social au cœur de l’actualité. L’an dernier, la société a traité plus de 8 milliards de dollars de volumes, essentiellement hors du périmètre réglementé américain, malgré des critiques sur certains marchés sensibles (incendies en Californie, santé du pape, etc.).
Un timing politique et réglementaire sous haute tension
L’annonce intervient quatre jours après un nouvel échange d’invectives entre Elon Musk et Donald Trump autour des subventions fédérales et des dépenses de campagne. Quelques semaines plus tôt, xAI avait dévoilé un partenariat éphémère avec l’exchange Kalshi, soutenu par Donald Trump Jr., avant de se rétracter dans la journée. Les observateurs voient dans l’accord avec Polymarket — plateforme juridiquement offshore et dépourvue d’alliances trumpistes —, une façon pour Musk de reprendre la main tout en évitant la tutelle directe de la CFTC.
Reste que X prend un risque réputationnel : le régulateur américain a déjà infligé 1,4 million de dollars d’amende à Polymarket pour absence de licence. Washington pourrait considérer que la diffusion de cotes auprès d’un public domestique constitue une forme de promotion illégale. Pour prévenir l’écueil, le module intégré affichera une géo-restriction côté utilisateur et renverra les Américains vers un message d’information juridique, assure une source interne.
En mariant l’instantanéité de X, la sagesse (volatilisée) des foules de Polymarket et la synthèse algorithmique de Grok, Elon Musk mise sur un produit « tout-en-un » susceptible de prolonger l’engagement et d’ouvrir de nouvelles sources de revenus publicitaires. Mais la convergence réseaux sociaux-marchés prédictifs pose autant de questions réglementaires qu’elle n’apporte de nouvelles données. Les prochaines semaines diront si l’expérience deviendra un modèle pour les plateformes concurrentes ou un casse-tête pour les gendarmes financiers…
0 COMMENTAIRE