Les marchés de prédiction ont une nouvelle fois déchaîné les passions : plus de 40 millions de dollars ont été misés sur l’identité du futur chef de l’Église catholique avant l’annonce de l’élection du cardinal américain Robert Francis Prevost, désormais pape Léon XIV. D’après les chiffres communiqués par les plateformes Polymarket et Kalshi, près de 30 millions de dollars ont transité sur la première et 10,60 millions sur la seconde, faisant de ce scrutin religieux l’un des événements les plus suivis hors périmètre politique !
Robert Francis Prevost : un outsider à moins de 1 %
Malgré l’effervescence, rares sont ceux qui avaient anticipé la percée de l’archevêque de Chicago : ses chances ne dépassaient pas 1 % sur la plateforme de paris Kalshi. Sur plus de 33 000 transactions enregistrées, seuls 416 paris, pour un montant total d’environ 450 000 dollars, visaient Robert Prevost. L’audace a toutefois été payante : un parieur anonyme a empoché 52 641 dollars pour une mise de 526 dollars, a confirmé la plateforme new-yorkaise.
Né en 1955 dans un quartier ouvrier du South Side, Robert Francis Prevost est le premier pape originaire des États-Unis et le premier religieux augustin à accéder au trône de Pierre. Missionnaire au Pérou pendant plus de dix ans, il était préfet du dicastère pour les évêques depuis 2023. Son élection a suscité une explosion de fierté à Chicago : la ville, déjà en liesse, a découvert que le nouveau pontife soutient de longue date les White Sox, provoquant une joute bon enfant avec les fans des Cubs.
Les marchés de prédiction sous surveillance
Les « event contracts » proposés par Kalshi – seule bourse de prédiction agréée par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) –, fonctionnent comme des contrats à terme : chaque part achetée à quelques centimes vaut un dollar si le scénario se réalise, zéro sinon. Polymarket, pour sa part, interdit l’accès aux résidents américains depuis un accord amiable conclu en 2022 avec la CFTC assorti d’une amende de 1,4 million de dollars, mais reste populaire hors des États-Unis malgré des opérations de police récentes visant l’utilisation de VPN.
Le volume engagé reste toutefois loin des 132 millions de dollars misés sur Kalshi lors de l’élection présidentielle américaine de 2024. Ces montants alimentent un débat récurrent : ces marchés peuvent-ils orienter l’opinion ? Pour Cantrell Dumas, directeur de la politique des produits dérivés chez Better Markets, de grosses positions pourraient « influencer la participation électorale » si elles sont perçues comme un baromètre fiable.
Si Kalshi continue de proposer des contrats sur la politique, le sport ou la culture pop, les conseillers financiers rappellent que ces paris doivent être rangés dans la catégorie « divertissement ». « Ne misez jamais plus que ce que vous êtes prêt à perdre », avertit Jonathan Greeson, planificateur financier en Caroline du Nord. Dans le cas présent, quelques visionnaires ont raflé la mise ; pour la majorité, la fumée blanche aura eu un parfum d’amertume… et un coût bien réel.
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